Le choix des méthodes de mesures employées et des indicateurs géomorphologiques retenus répond à la problématique spécifique des plages insulaires microtidales (rapport BRGM RP-60616-FR, Mallet et al., 2012).
Le réseau de mesures repose sur l’acquisition conjointe :
- de données topographiques longitudinales du trait de côte (haut et/ou bas) ;
- de données topo-bathymétriques sur des transects transversaux du cordon littoral (de la dune à l’avant-côte) ;
- de données topo-bathymétriques sur un quadrillage pour la production de modèles numériques de terrain (MNT).
En complément, sur certains sites l’installation de caméras permet d’obtenir des informations à haute fréquence temporelle sur l’évolution morphologique de la plage.
L’Illustration présente le principe des mesures topo-bathymétriques. Depuis 2012, les mesures s’appuient sur le réseau ACTISAT® de stations permanentes pour le géo-positionnement qui permet de maintenir le niveau de précision des mesures tout en facilitant le déploiement du matériel sur le terrain.
- Méthodologie des mesures réalisées dans le cadre du ROL
Mesures topographiques du trait de côte, de la plage émergée active et de la dune
Les mesures topographiques sont réalisées par un opérateur à pied muni d’un DGPS cinématique TRIMBLE R10 de précision centimétrique, dans un sac à dos ou sur une canne topographique .
- Mesure de la position du trait de côte avec le DGPS installé sur un sac à dos
- mesure topographique de profils de plage avec le DGPS sur une canne téléscopiquea perche
Avantages et limites de la méthode
Cette méthode présente l’avantage d’offrir une très bonne précision instrumentale (de l’ordre de 5 cm) et une facilité de mise en œuvre.
Les acquisitions peuvent être limitées par des conditions météorologiques orageuses ainsi que par la présence d’obstacles sur la plage ou la dune : forte fréquentation, installations touristiques, ganivelles, canopée, etc.
Les incertitudes de la méthode ne sont pas liées à la précision instrumentale mais au repérage parfois difficile des différents indicateurs géomorphologiques suivis. C’est pourquoi, seules les évolutions supérieures ou égales à 5 m peuvent être considérées comme significatives.
Pour le diagnostic du littoral réalisé dans les années 1990 par le BRGM (études précitées en introduction), les traits de côte anciens (entre 1948 et 1996) ont été numérisés sur des images aériennes du SHOM et/ou de l’IGN. Bien qu’avec cette méthode l’incertitude soit liée à la résolution de l’image (estimée entre 5 et 10 m), il est possible d’apprécier sur l’ensemble des sites, les changements opérés depuis 1996, et sur certains depuis 1948. Cette longue période de données sur le trait de côte (plusieurs décennies) permet d’estimer des tendances d’évolution globales et de relativiser les évolutions annuelles entre 2 campagnes de mesures. Le « degré de liberté » du trait de côte qui correspond à une bande au sein de laquelle il oscille à l’échelle annuelle est ainsi estimé. Il s’agit d’un paramètre important à considérer pour les prévisions d’évolution potentielle future.
Mesures bathymétriques de l’avant-côte
Les mesures bathymétriques sont réalisées depuis un bateau semi-rigide avec un sondeur acoustique mono-faisceau TRITECH de précision décimétrique dont l’acquisition haute fréquence est couplée en temps-réel au DGPS cinématique par l’interface du logiciel HYPACK®.
- Levé bathymétrique réalisé depuis un zodiac
Avantages et limites de la méthode
Cette méthode offre une précision verticale de l’ordre de 10 à 20 centimètres (en fonction de l’état de la mer).
En revanche, elle est fortement contrainte par les conditions météo-marines à la fois pour assurer une qualité satisfaisante de la donnée et pour assurer la sécurité des opérateurs lors de l’acquisition (hauteur des vagues supérieures à 50 cm, vitesse du vent supérieure à 20 km/h, vitesse de navigation inférieure à 3-4 nœuds). Dès que les conditions de vagues forcissent, la qualité de la mesure n’est plus assurée.
Pour la mesure d’un transect, les opérateurs en mer et à terre suivent chaque année la même ligne perpendiculaire au cordon littoral. A terre, les mesures sont effectuées au niveau des indicateurs géomorphologiques (trait de côte haut et bas, laisse de mer, banquettes de posidonie, etc.) qui permettent de suivre l’évolution des compartiments sédimentaires (dune, plage émergée active, avant-côte).
- Mesures topographique et bathymétrique d’un transect selon une ligne perpendiculaire au cordon littoral